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Pied de nez russe à l'OTAN, 

par Alexandra Viatteau,

écrivain, conférencière à l'université de Marne la Vallée

Le 15 septembre 2005, un chasseur bombardier russe SU-27 armé de missiles prêts à l'emploi s'est écrasé en Lituanie en survolant -sans en avoir informé les autorités - le territoire de cet Etat membre de l'OTAN et de l'UE depuis 2004. Pourquoi la Russie, qui déclare sa coopération pacifique avec le Pacte Atlantique, fait-elle des manœuvres militaires qui ont pour cadre les pays membres de l’OTAN? 

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Le 15 septembre 2005, la Russie causa un incident militaire et diplomatique avec ses voisins et avec l’OTAN. L’incident fut tenu sous le boisseau par la plupart des médias français, alors qu’il avait déclenché une alarme et un ballet diplomatique considérables en Europe du Nord et du Centre-Est. Un chasseur bombardier russe SU-27  s’est écrasé en Lituanie (pays annexé par l’URSS en 1945 et libéré en 1991) en survolant - sans en avoir informé les autorités - le territoire de cet Etat, aujourd’hui membre de l’OTAN. 

Sept avions partis de Saint Pétersbourg pour Kaliningrad n’avaient pas, non plus, transmis leurs informations de vol aux autorités de l’Estonie. Il ne s’agit pas d’un incident isolé, car "depuis mars 2004, lorsque la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie sont entrées dans l’OTAN, les avions russes ont pénétré quelques dizaines de fois dans l’espace aérien de ces pays" « Tygodnik Powszechny » de Cracovie, 2.10.2005. (Cf. « Revue Regard sur l’Est », 16.9. et 19.10. 2005 ;  RIA Novosti, ITAR-TASS, Interfax de Moscou).

Le Kremlin exige

Le Kremlin ne s’est tout d’abord pas excusé et a simplement « exigé » que lui soient rendus le pilote et l’épave. Moscou a démenti l’information de Vilnius selon laquelle l’avion était armé de missiles « Air Air » (c’est à dire pour la bataille aérienne, et non de missiles « Air Sol » de frappe terrestre). Ces missiles étaient armés, prêts à l’emploi. Leur chute a causé des dommages. Moscou l’a nié jusqu’au moment où ces missiles furent découverts dans le périmètre de la catastrophe, dans le district de Sakiai , à 50 km au nord de Kaunas.

Forcés de reconnaître le fait, les Russes ont « largement indemnisé » les Lituaniens, selon une source diplomatique de Vilnius, et ils ont pu récupérer le pilote et l’épave de l’avion.

L'OTAN s'interroge

La question que se pose, toutefois, l’OTAN, c’est pourquoi la Russie, qui déclare sa coopération pacifique, voire un partenariat, avec le Pacte Atlantique, fait-elle des manœuvres militaires qui ont pour cadre les pays membres de l’OTAN? 

La Pologne aussi s’en inquiète, car en mars 2006, c’est la Pologne qui succèdera à l’Allemagne au sein de l’OTAN pour prendre sous sa surveillance l’espace aérien des Pays Baltes.

Le souci principal des diplomates, militaires et scientifiques de l’OTAN et des voisins de la Russie vient du danger permanent que ces exercices non déclarés ou cachés font courir. Danger présent essentiellement pour la raison que le matériel russe militaire, ou celui des laboratoires militaires, avec notamment les composantes chimiques, n’est pas toujours fiable, et qu’il est un danger y compris pour les Russes eux-mêmes.

Alexandra Viatteau

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Date de la mise en ligne: décembre  2005.