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"Atlas du nouvel ordre mondial",

par Gérard Chaliand

 

Pour Gérard Chaliand: « Il n’y a pas de monde multipolaire en vue parce qu’il n’y a pas d’union entre Européens, pas de moyens à la mesure des ambitions de la Russie, parce que le Japon n’a toujours pas d’autre volonté qu’économique et que la Chine a besoin de temps. Enfin, parce que seuls les Etats-Unis, quelles que soient leurs difficultés ou leurs erreurs, ont la flexibilité et le dynamisme nécessaires pour faire face, avant les autres, aux mutations et aux défis. » (p. 14).  (Voir les cartes en ligne sur ce site)

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Cartographie Nicolas Rageau, 52 cartes, Paris, Robert Laffont, 2003, 129 pages

Gérard Chaliand a contribué au renouveau de la géopolitique, notamment par la publication en 1983 aux éditions Fayard de l’ Atlas stratégique. Géopolitique des rapports de force dans le monde (avec J.-P. Rageau). A ce jour, cet auteur a publié plus de 55 livres historiques, politiques ou géopolitiques. Outre de nombreuses enquêtes de terrain dans plusieurs dizaines de pays, il a enseigné à Harward, UCLA, Berkeley, Montréal, Le Cap, Salamanque… ainsi qu’à l’Ecole nationale d’administration et au Collège interarmées de défense.  

Pourquoi publier des cartes ?

Ce nouvel ouvrage tire les enseignements de l’intervention des Etats-Unis en Irak, depuis 2003. Il dresse le constat du projet géopolitique en gestation et ses répercussions régionales et mondiales. L’auteur appuie son raisonnement sur de nombreuses cartes, puisque la géopolitique juxtapose les raisonnements cartographiables sur des enjeux territoriaux qui opposent les acteurs nationaux, régionaux ou encore locaux. 

Le 11.01.2002: H. Vedrine (France) et J. Fischer (Allemagne).

Crédits: Ministère des Affaires étrangères

Les Etats-Unis sont devenus l’unique pôle mondial

Gérard Chaliand écrit au début de cet ouvrage : « Il a fallu la crise diplomatique provoquée par le projet de l’administration de G. W. Bush de terminer la ‘guerre inachevée’ d’Irak pour qu’apparaisse clairement que les Etats-Unis étaient devenus, depuis une douzaine d’années, l’unique pôle mondial avec les conséquences que ce statut impliquait. » (p. 11) 

Vainqueur de la Guerre froide, les Etats-Unis « se retrouvent dans une situation inédite : un monde soudain unipolaire où leur hégémonie est indiscutée; position qu’aucun pays européen n’a connue au cours du dernier millénaire. Quel Etat, dans une situation similaire, ne serait tenté d’une façon ou d’une autre d’user de son avantage ? » (p. 13) 

L'UE ? Pas très sérieuse

D’autant que la concurrence ne se montre pas très sérieuse. « Quelle que soit l’opinion qu’on en ait, il était pathétique, au cours des années quatre-vingt-dix, de voir une Europe ou trois Etats, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, comprenant deux cents millions d’habitants, faire appel par deux fois aux Etats-Unis pour régler les conflits de Bosnie et du Kosovo face à une puissance moyenne comme la Serbie. » (p. 11) 

La croissance du budget militaire des EU creuse l’écart

Résultat, les néoconservateurs -  unilatéralistes et opposés à toute contrainte institutionnelle ou juridique pouvant entraver la liberté d’action des Etats-Unis – s’empressent de faire avaliser des projets antérieurs au 11 septembre 2001 par un G. W. Bush martial. Le budget militaire augmente considérablement, les troupes américaines prennent pied en Afghanistan à la recherche de Ben Laden, puis en Irak pour mettre à bas Saddam Hussein. Il n’est pas certain que ces opérations ne réservent pas quelques surprises.

Quel monde multipolaire ?  

Reste qu’il faut bien constater avec Gérard Chaliand qu’ « Il n’y a pas de monde multipolaire en vue parce qu’il n’y a pas d’union entre Européens, pas de moyens à la mesure des ambitions de la Russie, parce que le Japon n’a toujours pas d’autre volonté qu’économique et que la Chine a besoin de temps. Enfin, parce que seuls les Etats-Unis, quelles que soient leurs difficultés ou leurs erreurs, ont la flexibilité et le dynamisme nécessaires pour faire face, avant les autres, aux mutations et aux défis. » (p. 14).

New York, Manhattan: Ground zero, croix en souvenir du 11.09.01. Crédits: P. Verluise

 

Tendances cartographiques

La démonstration de cet Atlas s’appuie sur 52 cartes réalisées par Nicolas Rageau. Une comparaison avec les ouvrages de ce type publiés dans les années 1980, montre de nouveaux partis pris cartographiques. Les couleurs semblent mieux maîtrisées, volontiers pastels. La toponymie se voit précisée avec une typographie lisible.  

Il est bien sûr impossible de citer la totalité des cartes présentées, mais voici un avant goût.  

Ce que vous trouverez dans cet Atlas

Avec juste raison, parce qu’il est antérieur et déterminant, G. Chaliand présente une carte de l’élargissement progressif de l’OTAN (p. 24), puis l’élargissement de l’Union européenne (p.28). Il cartographie à l’échelle planétaire la position politique des Etats lors de la crise irakienne (p. 32). La mise en relation de ces trois cartes semble éloquente. L’auteur présente également les bases américaines sur la masse eurasiatique (p. 34), la présence américaine en Asie-Pacifique (p. 36) et la nouvelle donne à la périphérie russe (p.38). A chaque carte, le lecteur peut constater l’extension des positions américaines, y compris sur le flanc sud de la Russie.

Voir une carte de l'OTAN en 2004, par P. Verluise

L’intervention américaine en Irak n’étant pas exempte de visées énergétiques, Gérard Chaliand présente ensuite le Moyen-Orient et les hydrocarbures (p. 41) puis les bases américaines au Moyen-Orient (p. 44).    

Zones sensibles

Enfin, l’auteur fait le tour de questions brûlantes : les conflits dans le monde (p. 52), la pauvreté dans le monde et la mondialisation (p. 58), les terrorismes (p. 62), le monde musulman (p. 66), le conflit israélo-palestinien (p. 77), le Cachemire (p. 82), les circuits de la drogue (p. 88), la Turquie (p. 120) et les zones sensibles (p. 126).  

Chaque carte est accompagnée d’un texte synthétique apportant un éclairage complémentaire. Voici par exemple le propos accompagnant la carte des zones sensibles : « Les années à venir vont continuer à être marquées par le phénomène terroriste, essentiellement islamiste. Les cibles seront tout naturellement les cités populeuses, les lieux symboliques, les zones de concentration. Il n’est pas exclu qu’Israël, dont le conflit était depuis des années circonscrit aux seuls Palestiniens, ne devienne une des cibles privilégiées des islamistes de tous bord. » (p. 126).  

En clôturant ainsi cet « Atlas du nouvel ordre mondial » à la mise en page très réussie, Gérard Chaliand montre combien la géopolitique est aussi une pensée-action.

Pierre Verluise

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  Date de la mise en ligne: juin 2004
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