Fiche et carte pays. La Turquie

Par Institut FMES, Pascal ORCIER, le 19 juillet 2022.

L’institut FMES propose à travers son « Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient » une lecture claire et synthétique des grands enjeux du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient et passe en revue l’ensemble des forces en présence. Cet ouvrage accessible, novateur et original présente en 50 cartes inédites des problématiques complexes et des informations utiles et synthétiques. Il illustre les capacités des forces armées et des scénarios de crises possibles. Disponible en version numérique gratuite à télécharger sur le site de l’institut FMES. Cet Atlas a été publié grâce au soutien de la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie (DGRIS) du Ministère des Armées. Cartographie par Pascal Orcier, professeur agrégé de géographie, docteur, cartographe, auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages.

Membre de l’OTAN, candidate ambivalente à l’UE... la Turquie reste paradoxalement peu connue en France. Qui saurait au pied levé donner son nombre d’habitants, les effectifs de ses forces armées, son PIB par habitant, ses partenaires privilégiés et ses objectifs stratégiques ?

Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, Diploweb.com est heureux de vous faire connaitre cette fiche et carte pays commentée extraite de l’« Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient » publié par l’institut FMES.
Carte grand format en pied de page.

En bref

Système politique : Régime présidentiel (Recep Tayyip Erdogan)

Population : 83,5 millions d’habitants / 2e rang des pays ANMO

Âge médian : 32 ans (conscription de 6 mois)

PIB : 720 milliards de $ / 2e rang des pays ANMO

Principales sources de richesse : Industrie, agroalimentaire, textile, transport aérien (Turkish Airlines)

PIB / habitant : 8 900 $ / 8e rang des pays ANMO

Fiche et carte pays. La Turquie
Carte. La Turquie
Cliquer sur la vignette pour agrandir la carte. Cette carte est extraite de la publication de l’institut FMES, Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient, téléchargeable sur le site de l’institut FMES
Orcier/FMES

Budget de la défense : 11 milliards de $ (1,5 % du PIB) / 5e rang des pays ANMO

Effectif total des forces armées : 409 000 (dont 368 000 militaires) / 3e rang des pays ANMO Répartition des forces armées : Terre (270 000), Air & Espace (50 000), Marine (48 000)

Effectif des forces de sécurité intérieure : 157 000 (Garde-côtes & Gendarmerie équipée d’armements lourds, dont 20 000 commandos du JÖH spécialisés dans la lutte contre le PKK) Posture géopolitique

Structures sécuritaires de référence : OTAN, Accords d’Astana (Russie, Turquie, Iran), Organisation des États turciques

NDLR : Après la relance de la guerre russe en Ukraine, le 24 février 2022, la Turquie menace de bloquer les candidatures de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.

Partenaires privilégiés : Qatar, États-Unis, Russie, Allemagne, Chine, Azerbaïdjan, Pakistan, Libye, Royaume-Uni, Espagne, Ukraine, Hongrie, Géorgie

États et territoires dans lesquels les forces armées turques disposent de bases : Chypre-Nord (35 000 militaires), Qatar, Syrie, Irak, Libye, Somalie, Azerbaïdjan

États dans lesquels les forces armées turques sont en opération : Syrie (15 000), Irak (1 500), Libye (1 000 + 3 000 mercenaires), Azerbaïdjan, Afghanistan, Kosovo (290 au sein de la KFOR), Bosnie (250 au sein de la mission Althéa), Liban (100 au sein de la FINUL II)

États avec lesquels la Turquie connaît de fortes tensions : Syrie, Grèce, Arménie, Chypre, France, Irak ; Allemagne & Russie selon les moments États avec lesquels les relations paraissent en cours d’apaisement : Émirats arabes unis, Égypte, Arabie saoudite, Israël

Objectifs stratégiques

• Contenir la menace djihadiste et éviter la création d’un Kurdistan indépendant au Moyen-Orient ; maintenir le PKK sous le joug en le coupant de ses bases en Syrie et en Irak.
• Éviter un nouveau coup d’état militaire et pérenniser la mainmise de l’AKP dans un contexte économique tendu :
• Continuer les purges internes et museler l’armée.
• Flatter le nationalisme turc en regagnant de l’influence dans certaines zones de l’ancien empire Ottoman (Balkans, Chypre, Libye, Tunisie, Algérie, Soudan, Syrie, Liban, Irak), en stigmatisant certains ennemis héréditaires (Grèce, Arménie) et en développant l’influence turque en Europe, en Afrique et en Afghanistan.
• Promouvoir l’agenda islamo-nationaliste en Turquie et l’Islam politique dans le monde en s’appuyant sur le Qatar et les réseaux des frères musulmans, tout en tenant à distance l’Iran, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
• Garantir la réélection du président Erdogan en donnant du faste aux commémorations du centième anniversaire de la République turque en 2023.
• Relancer l’économie en multipliant les partenariats avec la Chine, l’Asie, la Russie (centrales nucléaires) et le Caucase, en réinvestissant massivement en Libye, en poursuivant la conquête économique de l’Afrique et du Moyen-Orient et en s’imposant comme un hub majeur pour les hydrocarbures (pipelines, gaz offshore en Mer Noire, prospection en Méditerranée orientale).
• Affirmer la souveraineté de la Nation turque :
• Affaiblir l’Union européenne à chaque fois que cela est possible tout en demeurant un partenaire indispensable pour l’OTAN.
• Gérer une relation complexe avec les États-Unis et la Russie en leur donnant des gages tout en les maintenant à distance pour les empêcher d’interférer dans les affaires intérieures et dans la politique régionale de la Turquie.
• Poursuivre l’indigénisation de l’industrie de défense turque.

La Turquie a adopté depuis une décennie la stratégie du « perturbateur intelligent » pour tester ses rivaux, pousser ses pions et maximiser ses gains. Elle est passée d’une politique pragmatique de bon voisinage à une politique à la fois plus idéologique, plus autonome et plus eurasienne, qui assume l’héritage de l’ottomanisme et vise l’hégémonie en Méditerranée orientale en remettant en cause les traités des années 1930 et en promouvant la doctrine Mavi Vatan (La Patrie bleue). Les dirigeants turcs savent que les États-Unis et la Russie ont besoin d’eux : les Américains pour préserver leur bouclier sud face à la Russie, l’Iran et la Chine ; les Russes pour accéder à la Méditerranée via les détroits turcs. Ni Washington, ni Moscou ne peuvent se permettre d’entrer en confrontation directe avec Ankara. Animés d’un fort sentiment antioccidental, les élites turques se sentent proches des discours de revanche des dirigeants russes, iraniens et chinois. A l’approche de l’élection présidentielle et du centième anniversaire de la Turquie moderne (2023), les risques sont réels d’assister à de nouvelles actions déstabilisatrices que ce soit à Chypre (annexion de Chypre-Nord), en mer Égée ou dans les Balkans. Pour satisfaire cet agenda offensif, le président Erdogan dispose d’excellentes capacités de renseignements et d’action clandestine. Il compte sur une armée remise au pas qui reste l’une des plus crédibles de la région au regard de ses effectifs, de sa stratégie hybride, de l’excellence de ses forces spéciales et de ses capacités de frappes et de projection de forces. Il manie à son égard tout autant le bâton (purges et menaces de procès à l’encontre de ses cadres) que la carotte (lutte contre le PKK, modernisation des armements, opérations extérieures sources de prestige et d’expérience). Il compte aussi sur une industrie de défense locale capable désormais de fournir 75 % des armements des forces armées turques, principalement dans le domaine terrestre, naval et celui des drones et missiles, même si la Turquie reste dépendante des États-Unis pour son aviation et de l’Allemagne pour ses sous-marins. La Russie et la Chine sont des options de recours pour la fourniture d’avions de combat et de systèmes antiaériens perfectionnés.

Copyright pour le texte et la carte 2022-institut FMES

Titre du document :
Carte. La Turquie

Cliquer sur la vignette pour agrandir la carte. Cette carte est extraite de la publication de l’institut FMES, Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient, téléchargeable sur le site de l’institut FMES



Document ajouté le 15 juillet 2022
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Membre de l’OTAN, candidate ambivalente à l’UE... la Turquie reste paradoxalement peu connue en France. Qui saurait au pied levé donner son nombre d’habitants, les effectifs de ses forces armées, ses partenaires privilégiés et ses objectifs stratégiques ?


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